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27 avril 2012 5 27 /04 /avril /2012 17:08

Puis il y a le jour où ça arrive.

Le jour où il referme sur nous la porte de l’appartement pour aller définitivement loger ailleurs et construire lui-même son histoire propre, loin de la nôtre dorénavant mais la charriant néanmoins derrière comme une charrue invisible, une structure inconsciente cimentée par les années passées côte à côte – même si chacun tant bien que mal avait tenté de conserver dans l’espace commun le sien propre.

On a beau s’y préparer, jamais les émotions qui peuplent cette journée – celle-là et les suivantes j’imagine - ne correspondent à ce que l’on avait  réussi à anticiper ; toujours en cet instant débordent le cadre rationnel dans lequel on avait voulu à toutes forces les faire tenir, les faire passer. Dans ce minuscule trou d’aiguille qu’a pourtant découpé avec peine et dans l’infini des possibles notre imagination bornée.

Dur de sentir juste, et par avance. Parce que ce départ définitif libère et angoisse ; soulage et oppresse ; suit le cours des choses tout en le faisant pourtant s’incurver radicalement ; laisse brusquement le champ libre - pour nous qui restons derrière la porte - à un nouvel inconnu à investir : vivre seul à nouveau, et à nouveau chercher la force d’écrire.

Bal des contraires.

Immense satisfaction et peur démesurée ; celle de ne plus être capable, de ne plus y arriver.

Pas si simple finalement de laisser son envol à ce qui sort de soi, à ce qui est soi. C’est toujours beaucoup plus subtil que l’idée qu’on en a. De lui laisser la liberté d’aller se frotter, se déformer au contact du dehors, la possibilité de vivre entièrement hors sans que nous n’ayons plus qu’un contrôle lointain sur les interprétations qu’il pourra subir, les directions incongrues et parfois inquiétantes qu’il prendra. Il reste influençable, vous savez…

Mais l’heure arrive ; l’heure est venue.

La porte s’est refermée.

Venue pour lui de peut-être vous rencontrer et de trouver place dans votre vie : ami, copain, vague connaissance suscitant l’indifférence ou le dédain, ennemi pourquoi pas - pour ceux qui en ont besoin. De prendre le risque de muter, se transformer au frottement de vos sensibilités, revêtir des visages que je ne lui connaîtrai jamais.

L’heure est venue ; et grand merci a ceux qui l’ont rendue effective, l’ont arrachée aux eaux troubles de l’espérance pour me permettre d’en vivre réellement toute la beauté. A ceux qui ont ouvert la porte et ont permis cette envolée.

A l’équipe de Numériklivres : merci.

A vous : prenez soin de lui !

 

 

                                                                                              Se procurer Une journée de fou

                                                                     

L'heure est venue...
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